Jour 1

Ça y est, c’est le grand départ, me voilà en route.
J’ai eu l’idée de cette marche l’été dernier (marcher de Montpellier à Compostelle aller-retour en autonomie et de manière la plus sobre possible) et l’idée était restée dans un coin de ma tête … Puis mon projet s’est concrétisé avec la volonté de réaliser un film pour montrer que l’écologie passe par l’écologie intérieure 🌍🎥
Le 10 juin j’ai eu l’idée, je savais que je devais me fixer une date pour le départ : ça serait le 1er aout. 🌼C’est joli, et en plus c’est un lundi ! Et si Cloclo disait que « le lundi au soleil, c’est une chose qu’on aura jamais » je vous assure que moi je l’ai bien le soleil : autant dans le coeur qu’à l’extérieur 🌞
Alors après 5 semaines à tout préparer, à rechercher le meilleur matériel (léger, d’occasion et pas cher) à choisir mon itinéraire, à prospecter pour trouver des partenaires, à réaliser une vidéo d’annonce du projet, à lancer ma campagne de criwdfunding (d’ailleurs, on a déjà presque atteint le deuxième pallier … c’est un truc de fou 🙏💛), à réfléchir à tout, tout, tout, 💭surtout ne rien oublier 💭…
Allez je m’en vais 🥾
Le premier pas était la préparation, et c’était déjà génial.
Le deuxième pas est enclenché : c’est la marche, l’aventure et aller à votre rencontre 🌞
Je ne réalise pas du tout que je m’apprête à marcher pendant au moins 4 mois. Mais c’est mieux comme ça. Un pas après l’autre : pas la peine de regarder en haut de la montagne tout de suite alors que l’aventure c’est le chemin, pas l’arrivée.
Jour 3

Quand je voyais le clame de l’eau ce matin, je n’imaginais pas à quel point cette journée serait mouvementée et chargée en émotions …
Ces 3 premiers jours de marche sont à la fois excitants, stressants et difficiles. Excitants car mon projet prend forme et que je me régale ! Difficile car il fait très très chaud, que j’ai des bobos à cause de mon sac et des irritations aux cuisses.. stressants car mon cerveau commence à réaliser ce qu’on est en train de faire et qu’il flippe !! Il a peur de pas y arriver p’tit chou 🥺 alors je lui dis que SI il va y arriver. Il va faire de son mieux, et il est pas seul, je suis avec lui et ensemble : lui, le coeur, et moi, on fait une sacrée équipe 💖☀️
Parce qu’en même temps, je ne me verrai être nulle part ailleurs qu’ici, en train de faire cette marche et ce film.
Jour 7

La photo date d’hier soir, j’étais trop heureuse de trouver un spot magique 🌟 si vous avez vu mes stories vous savez que ce soir j’étais pas vraiment dans la même euphorie 🥲…
Mais en plantant ma tente – face au canal du midi que j’ai longé tout l’après-midi en guettant le moindre espace où je pourrais camper, sous cette chaleur toujours écrasante de 36° à 21h30, et avec le stress des seuls 50cl d’eau restant pour toute la nuit et demain matin – j’ai entendu un homme parler à son chien qui aboyait en ma direction.
Il lui a dit « C’est bon tu l’as vu, tu la connais maintenant. La dame elle est partout à la maison ! »
Pour lui c’était une phrase anodine, pour moi c’était un signe que ca y est, cette mission je l’ai réussi, c’est ce que je dégage : je suis tellement bien avec moi-même que je suis à la maison partout. La Terre est ma maison 🌍🏕
Merci Monsieur.
Jour 8

Aujourd’hui, depuis le Canal du midi, je lève ma gourde 💦 à 2 évènements magiques…
1️⃣Ca fait pile 1 semaine que je suis partie marcher sur le chemin de Compostelle. « 1 semaine sur 4 mois, c’est quoi ? » me direz-vous.. moi je pense que les premières semaines sont les plus difficiles.
7 jours, 7 nuit et déjà tellement d’émotions : joie immense d’être ici, passion et créativité pour mon film, mais aussi stress de ne pas trouver où dormir, grande solitude sur ce chemin peu emprunté, douleurs physiques à cause de la chaleur, soif extrême et désespoir de trouver des fontaines fermées… la sécheresse je la vis à 1000%. Pratique pour une fille qui fait un film sur l’écologie 😉
Et à la fois je ne me verrais nulle part ailleurs. Et votre soutien me le confirme aussi …
2️⃣ Parce que c’est IN-CRO-YABLE. Le deuxième palier du crowdfunding a été atteint😍
Grâce a votre aide tous les frais de tournage vont pouvoir être pris en charge !
Jour 14

Ce matin j’ai encore ressenti cette boule à l’estomac, cette boule qui me demande de pleurer pour sortir…
Je suis bien sur ce chemin, vraiment je sens que je suis à ma place, et je ne me verrai nulle part ailleurs.
Mais la solitude et la marche, ça amène à des profondeurs de soit…
Je ressens comme un vide en moi. Un vide que je n’ai pas quand je suis en ville, en famille, entre amis… entourée. Un vide, comme un manque d’amour.
Alors je pense à toutes les personnes que j’aime, à celles que j’ai aimé aussi, et auprès de qui j’aimerai être pour trouver cet amour. Là où c’est si simple de le trouver. J’aimerais les serrer fort dans mes bras pour me ressourcer et combler ce vide en moi.
Car c’est ce que j’ai toujours fait. Des câlins à ma famille, mes ami.es, vouloir plaire a beaucoup (trop) de garçons… bref, trouver l’amour à l’extérieur. Et finalement je ne suis jamais allée chercher l’amour en moi.
Pourtant je le sais, je sais qu’il est là, au bout de mon labyrinthe intérieur, cet amour, ✨deep inside✨… et ce chemin, cette solitude, c’est aussi un chemin intérieur vers ça, l’amour en moi.
Jour 17

Je savais que j’aurai des coups de mou, mais je ne pensais pas que ça serait aussi souvent 😂
Ce matin en partant de l’Ecovillage Sainte-Camelle après avoir passé 2 jours bien ressourçant la bas, je trouvais mon sac hyper lourd… 🎒
Pour moi, tout a une symbolique, et je savais que j’avais quelque chose « à lâcher »…
J’avançais doucement, je faisais des pauses, et après avoir mis une story disant que j’avais un petit moral car je me sentais seule, j’ai reçu ce message :
« On est avec toi Sol, seule ça n’existe pas !!! ❤️ »
10 mots et tellement de puissance,
J’ai ressenti l’Amour d’une telle force,
L’univers m’a pris dans ses bras,
J’ai lâché les larmes que j’avais en moi.
Quand j’ai repris mon sac, il était léger,
Le tourbillon des émotions a bien oeuvré,
Me voilà prête à continuer.
Au-revoir, merci, à bientôt,
Ne suffisent pas à exprimer toute ma gratitude.
Mais ils savent, je sais qu’ils savent,
Et j’ai tellement hâte de vous partager tout cet amour à travers mon film 💛
La vérité : c’est l’amour qui me porte. Ce ne sont pas mes muscles, ni mon mental. C’est mon coeur. Et c’est tout l’amour que je reçois depuis vous, depuis la nature, depuis la Terre 💙💚🌎
Jour 23

Il y a des jours comme ça, ou rien ne se passe comme prévu… et c’est encore plus beau.
Après un bon nettoyage émotionnel le matin ( = pleurer pendant 30min en marchant) il m’est arrivé que des événements magiques :
– j’ai rencontré un des personnages de mon film : Cédric. Je l’avais imaginé, j’avais demandé à le rencontrer, et il est apparus. On a marché toute la journée ensemble, il est passionnant, j’ai trop hâte de l’interviewer très bientôt 🎙
– en arrivant au village, j’ai réalisé que je n’avais plus à manger et qu’il n’y aura plus d’épicerie pendant 3-4 jours … j’ai tendu mon pouce pour aller à l’épicerie la plus proche et en 5 min un trop gentil monsieur m’y a amené et au retour pareil, en 5 min j’ai trouvé une voiture.
– de retour au village je me suis installée à un café, au moment de payer je commence à discuter avec la gérante du café et son employé, elles sont adorable, on rigole bien et on parle pendant une bonne heure.
– vers 19h, alors que je m’apprêtais à récupérer mes affaires pour aller planter ma tente, un couple m’interpelle (Aurélien et Kemmy), on commence à discuter, connexion de ouf. Ils travaillent tous les deux dans l’audiovisuel, elle est à fond dans le développement personnel, le chemin et mon projet leur parle complètement : on passe la soirée ensemble et ils m’aident même à trouver un spot pour ma tente 🏕
Je fais genre que je suis étonnée, mais en vrai je sais pourquoi tout cela arrive : je suis alignée. Je suis à ma place. Je laisse sortir mes émotions, j’écoute mon corps, je soigne mon âme.
Je sens que petit à petit j’approche mes souffrances, et je les transforme en lumière 🌟
Et ce n’est que le début 🌱…
Jour 36

Mon cher corps.
Je t’ai longtemps trouvé trop ceci ou trop cela, pas assez ci ou pas assez ça.
Je me suis longtemps arrêtée à ton apparence. Je ne voyais pas qu’en t’affamant je ne pouvais plus faire mon sport préféré, je ne voyais pas qu’en te lacérant je ne pouvais plus m’habiller comme je le voulais, je ne voyais pas que je te blessais, que je te maltraitais et que j’étais à mille lieux de t’écouter.
Aujourd’hui, après plusieurs années de guerre, de lutte et finalement d’écoute, je suis tellement fière qu’on se soit réconciliés et que tu sois mon meilleur partenaire de vie, mon meilleur véhicule pour cette vie.
Aujourd’hui je t’aime comme tu es. Pas pour ce à quoi tu ressembles, car finalement tu changes si vite… mais pour ce que tu me permets de faire. Grâce à toi je peux marcher plus de 20km par jour depuis plus d’un mois, grâce à toi je peux porter ce sac de 12kg, grâce à toi je peux même cheminer intérieurement, et tout cela sans aucune blessure.
Mon cher corps tu es magnifique. On fait une sacrée équipe et on se comprend tellement bien (qui l’eut cru 😋), je continuerai chaque jour, chaque heure, chaque instant de t’écouter et te respecter (et n’hésite pas à me le rappeler avec un petit coup de fièvre si jamais j’oublie, j’entendrai ton signal🚨). Et en parlant de ça, j’ai bien compris que tu es épuisé et tu as besoin d’une petite pause avant d’entrer en Espagne. Alors on va se reposer tous les deux un jour de plus à St Jean Pied de Port ♥️
Merci de m’avoir pardonné pour tout ce que je t’ai fait subir.
Merci de m’accompagner dans mes folles aventures.
Merci de me permettre de vivre cette vie extraordinaire.
Jour 38

⏰Debut septembre pour certain.es c’est la rentrée des classes, pour d’autres le retour au travail, pour d’autres encore le début de nouveaux projets.
Rien de tout cela pour moi, désolé de vous décevoir.
🎒Quand j’étais encore à l’école, j’avais toujours hâte de la rentrée : retrouver mes ami.es, apprendre de nouvelles choses, rencontrer de nouvelles personnes… et en grandissant, ce sentiment s’est évanoui. Mes dernières rentrées, quand je devais prendre le train pour rentrer à Paris dans mon petit appart pour prendre le métro le lendemain, je pleurais. Je passais les 3h de train à pleurer. Et je croyais que c’était normal. Alors évidement après, je re-rentrais dans le moule, et ma tristesse s’atténuait…
« Je n’ai pas le choix »
Et si ma belle, tu as le choix. Et toi aussi qui lis ce post, sache que tu as le choix. On a toujours le choix (en tous cas nous autres occidentaux hyper privilégiés).
🌟Voilà pourquoi cette année je ne prends pas le train, je ne pleure pas, car j’ai arrêté de subir ma vie.
Depuis ces années de souffrance, j’essaye chaque jour de me dire « si je devais mourir demain qu’est ce que je ferai là maintenant ? » et c’est ce qui me guide pour être heureuse et faire ce que j’aime.
Cette année, au moment de la célèbre « rentrée » je fais moi mon entrée en Espagne sur le chemin de Compostelle, pour réaliser mon premier documentaire, sur l’écologie intérieure.
🥾Et après ces 37 jours de marche en France, de Montpellier à St Jean Pied de Port, démarrer cette nouvelle aventure après 2 bonnes journées de repos est le plus beaux des cadeaux que je pourrais me faire.
Jour 45

Une partie de ce que je vis, et je ne vous la cache pas, c’est un mega nettoyage émotionnel, beaucoup de fatigue, sortir de ma zone de confort chaque jour …
Une autre (immense) partie de ce que je vis, sont les rencontres, la joie et la magie de chaque instant.
Ces rencontres magiques comme si on se connaissait déjà. Celles où la connexion est évidente, la vision est partagée et les valeurs communes.
Ces rencontres où on se parle tout de suite de coeur à coeur, où on s’inspire mutuellement et où on sait, c’est évident, qu’on se retrouvera.
Ces deux parties sont bien présentes, et l’une ne serait pas possible dans l’autre. Sans lâcher mes peurs, sans soigner mes blessures du passé, je ne pourrai pas être alignée à ce point avec moi et donc rencontrer ces personnes qui me ressemblent tant.
Sans ces personnes, ces miroirs de moi, je ne pourrai pas aller au plus profond de moi pour remettre toutes mes croyances à plat et en créer de nouvelles fondées sur l’amour et non sur la peur.
Voilà pourquoi je pleure (quasiment) tous les jours, et pourquoi je suis aussi émue, reconnaissante et nourrie par ces rencontres magiques 🤍
Jour 62

Aujourd’hui on est le 1er octobre.
Jusque là rien d’incroyable.
Je suis partie de chez moi et j’ai commencé à marcher le 1er aout, et aujourd’hui ça fait exactement 2 mois que je marche, et ça c’est extraordinaire.
Ces jours-ci je sens que mon sac à dos (émotionnel) s’est vraiment allégé. Je sens que je suis sur le chemin de la liberté.
Mon seul frein pour l’atteindre complètement ? Moi.
Quelques peurs résistantes, quelques interprétations fruits de mon imagination,quelques démons de mes anciens schémas mentaux… mais la nouvelle Mélody est bien là, la lumière prend toute la place maintenant. Et même si elle s’affaiblît ou qu’elle vacille parfois, je sais où puiser en moi pour la raviver : j’ai trouvé l’amour en moi.
2 mois, plus de 1200km.
L’écrire m’émeut.
Ce chemin que je foule chaque jour, chaque pas que je fais sur le Camino, c’est un pas de plus en moi, un pas de plus vers moi.
Où vais-je m’arrêter ? Je ne sais pas.
Là où mon chemin intérieur sera terminé, lorsque mon âme aura suffisamment cheminée.
2 mois purée ! 62 jours.
1er aout – 1er octobre.
Qui l’eût cru … moi ? Oui.
Jour 66

Je connaissais la signification de la Cruz de Ferro avant d’y aller. La tradition veut que le pèlerin transporte une pierre depuis chez lui et la dépose au pied de la croix, cela symbolise tout le poids qu’il a transporté depuis le début de son chemin et qu’il veut maintenant laisser derrière lui.
Je n’avais pas pris de pierre en partant de chez moi, je m’en fichais un peu à vrai dire, j’aime bien faire les choses en dehors de la tradition je crois.
Et pourtant en arrivant à la Cruz de Ferro j’ai été envahie par des émotions très fortes. J’ai ressenti tout les poids que les pèlerins avant moi avaient laissé, toutes les énergies accumulées depuis des années, des siècles de passage, toutes les émotions que cette croix a vu passer.
En arrivant près de la croix j’ai ressenti le besoin de rester là comme si moi aussi j’avais des choses à laisser derrière moi. Alors je me suis installée sur une table à côté et je suis restée. Presque deux heures. Je cherchais un objet dans mon sac que je pourrais laisser ici, j’ai trouvé une ficelle qui pourrait représenter tous les liens dont je ne veux plus, tout ce qui me rattache à mon ancienne vie, tout ce qui m’empêche d’avancer. Sur une feuille j’ai écrit tout ce que je souhaitais déposer ici, j’ai pleuré, j’ai ri, je me suis rappelée. J’ai pris le premier caillou que j’ai trouvé, je lui ai attaché le papier avec la ficelle et je l’ai déposé au pied de la Croix.
Ça paraît rien comme ça mais quand on sent l’énergie du lieu et qu’on accepte de se laisser traverser par celle-ci je peux vous dire que ça remue…
En repartant, mon sac à dos était bien plus léger sans cette ficelle et tout ce qu’elle représente pour moi, que j’ai déposé au pied de cette croix, maintenant derrière moi.
Jour 70

70 jours que je marche, et j’approche de Santiago. Moins de 150km… et je ne sais pas si je suis prête à m’arrêter de marcher.
Aujourd’hui c’était le brouhaha dans ma tête… à un moment j’ai envie de marcher 30km et être nomade pour toujours, et à l’instant d’après j’ai envie de m’arrêter là maintenant et d’avoir un « chez moi »..
S’ajoute à cela que ce matin, sur toutes les photos que d’autres personnes ont pris de moi je me trouvais horrible ! Alors j’ai décidé de m’organiser un petit shooting par moi-même juste pour me sentir fraîche 😜💦(vous voyez sur la première photo mon humeur du moment ahah). J’essaye de remettre de la joie en moi, je danse, je chante… mais c’est toujours le brouhaha…
Et soudain, alors que j’étais seule dans ce petit hameau, un chien s’approche de moi, et me fait des câlins 🐶🤍🤎
Aujourd’hui je ne trouvais pas les ressources en moi pour m’éclairer, mais l’univers m’a envoyé ce chien d’amour.
Quelle magie, quand on s’ouvre et qu’on prend les choses comme elles viennent, tout s’offre à nous… plus facile à dire qu’à appliquer évidemment 🥲 alors voilà, je vais faire ça aussi pour mon arrivée à Santiago, juste prendre comme ça vient🤍
100km avant Santiago

Aujourd’hui j’ai passé les 100 km jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle et ça m’a fait repenser à ce que j’allais faire après mon arrivée là-bas. Et puis je me suis rappelée qu’Einstein disait que 95 % de la réponse se trouve dans la question. Une fois qu’on a trouvé la bonne question la réponse coule de source.
Je me suis alors interrogée sur ma question. J’ai médité et j’ai trouvé plein de questions. Est-ce que j’ai envie de marcher encore ? Est-ce que j’ai envie de revoir ma famille ? mes amis ? Est-ce que j’ai envie de revenir en France ? rester en Espagne ? … et en fait toutes ces questions amènent à une seule : qu’est-ce que j’ai envie de faire après Santiago.
Et là m’est venue une image, celle d’un méga plat de pâtes à la sauce tomate. Tu sais une sauce tomate faite maison avec des courgettes, des aubergines, du fromage (plein de fromage) et évidemment des tomates. Ce plat de pâtes tu commences à le manger, tu te régales et puis là quelqu’un arrive et te dit « bon tu veux quoi après ? Tu en voudras encore ? tu voudras un fruit ? un gâteau ? »
Tu es en train de te régaler avec ce plat de pâtes, tu savoures l’instant, et en fait tu ne sais pas de quoi tu auras envie/besoin après… Tu le sauras seulement une fois que tu auras terminé ce plat de pâtes.
Ce sentiment, c’est exactement celui que je ressens actuellement sur mon chemin : je me régale et à l’instant présent je ne peux pas savoir ce dont j’aurais envie ni besoin une fois arrivée à Compostelle. Je ne peux pas savoir si je veux plus de pâtes alors que je n’ai même pas fini la magnifique assiette en face de moi ! Ni quel dessert je voudrai car après la sauce tomate seul mon corps saura me dire ce dont il a besoin…
Je ne blâme pas vos questions, elles sont légitimes, mais voilà ma réponse. Et avant d’être une réponse pour vous sachez que c’est la réponse à ma propre question.
Jour 75

Voilà ma tête toute la journée à J-1 d’arriver à St Jacques de Compostelle… mille émotions me traversent, je pleure, je ris, je chante, je cris.
Des images, des visages, des souvenirs en pagaille.
De la joie, de l’amour, des peurs, des douleurs… que du bonheur.
Ces 75 jours défilent dans ma tête, et pourtant je me sens tellement connectée à l’instant, à l’ici et maintenant. Tous mes sens en exergue, je ne fais qu’un avec l’univers.
Mon corps finit d’extérioriser les dernières les dernières pollutions émotionnelles, les derniers liens au passé représentés par ces tendons enflés, les derniers messages à faire passer bloqués dans mon tibia enflammé.
Et j’avance, les messages passent, je lâche encore et encore tout ce qui me retiens, et je me prépare à m’envoler.
A demain 🦋
Jour 76

Arrivée à Santiago de Compostela.
Je vais pas vous mentir, arriver à Santiago n’a jamais été mon objectif. La vérité c’est que mon objectif a évolué en même temps que moi pendant ces 76 jours.
Aller à Santiago puis revenir à pieds …aller à Santiago… simplement marcher jusqu’à en avoir assez, où que soit ce « assez »…
Et voilà où j’en suis restée : marcher tant que j’en aurai besoin, sans me contraindre, et écouter mon corps à chaque instant.
Mon objectif c’est plutôt d’apprécier le chemin… et non l’arrivée. Savourer chaque instant, faire de mon mieux chaque jour, écouter mes besoins et mes envies, pour ne rien regretter.
Alors pendant ma marche, je voyais Santiago comme une étape. Une étape importante certes, mais une étape. Mon arrivée me l’a confirmé : une étape importante oui, mais une étape. Pas un but en soi.
Et c’est bien la preuve que le chemin c’est la vie : le but en soi n’est pas l’arrivée, ce n’est pas ce que nous serons dans 6 mois, 6 ans… c’est ce que nous sommes aujourd’hui, et ce que nous en faisons aujourd’hui.
Le chemin intérieur, la magie, la force en soi, c’est chaque jour qu’on peut la chercher et la trouver.
Les remises en questions, les changements, les pas en avant, c’est chaque jour qu’on peut les faire.
Et en arrivant à Santiago, ce qui m’a ému c’est de voir tout le chemin intérieur que j’avais parcouru. La petite Mélody de 8 ans m’a sauté dans les bras et m’a dit « tu vois, quand tu fais ce que tu veux, ce que tu aimes, tu réussis. N’écoute plus jamais les grandes personnes qui veulent nous séparer ». Et on pleure de joie, de gratitude, d’amour, ensemble depuis 2 jours..
Et maintenant ? Après ces 1525km, après cette étape à Santiago, mon âme veut encore cheminer un petit peu par ici, avant de continuer pour la suite de l’aventure qu’est la vie… alors demain je pars marcher vers le bout de la terre… 💙🌊
Jour 79

La fin approche, ça y est je commence à le sentir.
Alors je prends mon temps sur le chemin, mais finalement c’est comme je l’ai fait tout le long.
Alors je profite de chaque son, chaque odeur, chaque sensation, mais finalement c’est comme je l’ai fait tout le long.
Alors je laisse sortir mes émotions, mais finalement c’est comme je l’ai fait tout le long.
En quoi ça sent la fin alors ?
Le vent n’a jamais été aussi violent,
La pluie n’a jamais été aussi intense,
Et moi, je ne me suis jamais sentie aussi confiante en la vie.
Une femme que j’ai rencontré ce matin m’a dit après seulement quelques minutes de discussion « on dirait que plus rien ne te fait peur, plus rien ne t’arrête, tu pourrais tout faire maintenant »
C’est exactement ça.
Plus rien ne me fait peur, plus rien ne m’arrête, je peux tout faire maintenant.
Jour 81

Après 4 jours de vent et de pluie, au bout de la terre, le soleil est sorti.
Je ne m’attendais à rien… être ici, sur le point le plus à l’Ouest du Continent était déjà énorme. Mais quand je l’ai vu, le bout du monde, quand j’ai mis les pieds sur ses rochers, quand j’ai été face à lui, seule face à cette immensité, quand j’ai ressenti sa force, son soutien, son amour, je me suis laissée allée, dans ses bras ventés.
L’Ocean. C’est bien réel.
Je suis partie de la Méditerranée qui m’a bercée, m’a vue grandir, pour arriver à l’Atlantique, et démarrer ma nouvelle vie.
La connexion aux éléments me porte, leur puissance m’épate.
L’eau de la pluie, de l’Ocean, m’appelle, me nettoie, m’apaise.
L’air, le vent, masse mon corps, nettoie mes pores, éloigne mes peurs.
La terre, le sol, connecté par mes pieds, me guide depuis le début, ancrée, il m’aide à avancer.
Le feu, débordant du soleil ou du poêle d’une auberge, ravive la flamme, la lumière en moi, réchauffe mon âme, me serre dans ses bras.
Tous les éléments sont en moi,
Tout est là, face à moi,
Tout est en moi.
Tout est moi.
Jour 82
Phileas Fogg avait fait le tour du monde en 80 jours, je crois que j’ai fait le tour de moi en 82 jours.
Depuis quelques jours je sentais que mon chemin arrivait à son terme. La marche avait porté ses fruits, je m’étais retrouvé, j’avais réussi à m’Aimer, à vivre seulement au présent, à l’icône et maintenant, à me connecter à mes émotions, à me faire confiance, à faire confiance en la vie…
Et depuis mon arrivée à Santiago, je sentais que mon chemin devait se terminer à Muxia.
Alors j’ai marché 5 jours dans la tempête, j’en ai vraiment eu marre, j’avais eu ma dose, j’avais envie d’arrêter. Quand je suis arrivée à Fisterra j’ai même hésité à continuer jusqu’à Muxia.
Mais ça m’appelait plus que tout. L’appel du coeur. Malgré la tempête. Et finalement c’était une journée sous le soleil 🌞comme si le nettoyage de ces derniers jours avait porté ses fruits.
30km (comme les 1620 précédents) beaux, doux, lents, solitaires, humides, lumineux… quelques souvenirs de ces 82 jours, quelques dernières douleurs à évacuer, quelques dernières peurs à lâcher.
Et quand j’ai aperçu l’océan éclairé par les rayons de l’Amour, les maisons colorées de Muxia, quand j’ai senti les gouttes iodées sur ma peau, après ces 82 jours de marche, j’ai compris que j’étais arrivée au bout. Au bout du monde pour certains.. au bout de moi pour moi (pour le moment) … et je me suis envolée.
Vers ma nouvelle vie…
A suivre
